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[SAISIE BASTOGNE - Le résumé]

Mardi 13 décembre 2016. 11h00.


Nous arrivons au poste de police de Bastogne, où nous avons rendez-vous avec l’équipe d’Animaux en Péril et les inspecteurs-vétérinaires de l’UBEAW (Unité Bien-Être Animal de Wallonie). Plusieurs consignes de sécurité sont données par la police… L’éleveur est connu pour ne pas être un homme très coopératif…


Escortés pour notre sécurité, nous arrivons sur les lieux. Les inspecteurs vétérinaires font le tour pour identifier les vaches les plus mal en point dans les baraquements. Nous attendons, sans nous éloigner des policiers.


Une vache. Nous ne pouvons sauver qu’une seule vache, nous n’avons ni la place ni les moyens financiers pour pouvoir en sauver plus. Nous sommes désespérés de devoir laisser toutes les autres là-bas. Les vaches à sauver sont identifiées. Il y en a trop à sortir de là, trop à sauver… Nous discutons, nous essayons de réfléchir dans l’urgence, il faut trouver une solution… Une vache et un veau, ça devrait aller, nous allons nous débrouiller… Non, une vache et deux veaux, ça ira… Même pénible discussion chez Animaux en Péril. Ils sont venus pour deux vaches mais tout comme nous, ils ne peuvent se résigner à en laisser tant d’autres là-bas.


Nous montons vers les baraquements. A gauche, trois corps en état de décomposition. Un ancien charnier avait déjà donné lieu à des plaintes déposées par les riverains. Les policiers ne sont pas surpris… Nous nous attendons au pire et nous réalisons vite que nous ne nous sommes pas trompés.


Il fait sombre. Les vaches et les veaux survivent dans des conditions épouvantables. Ils s’enfoncent dans la fange, tombent dans leur urine et leur bouse. Leurs corps sont recouverts d’une épaisse couche de déjections, certains sont rongés par la gale. Où que nos yeux se posent, ce n’est que crasse et désespoir. Dans les stalles, des vaches attachées par de lourdes chaînes. Certaines couchées sur le sol boueux. Maigres, blessées, boiteuses… Dans une autre étable, des veaux déjà sevrés qui depuis leur première respiration n’ont connu que l’horreur, le froid, la saleté, la faim. Certaines vaches sont accompagnées de leur veau, que l’on sort une heure par jour pour qu’il puisse téter… Carences alimentaires, retard de croissance, ventres gonflés par les vers… Nous ne parvenons même pas à évaluer leur âge. Un veau fera une syncope au moment où nous le sortons de son cauchemar. Il lui faudra plusieurs minutes pour se remettre debout.


Nous n’avons pas le temps de réfléchir, nous devons nous dépêcher. Nous voudrions aller près de chaque vache pour leur apporter un peu de réconfort, pour nous excuser de ne pas pouvoir les sauver elles aussi... Nous devons aller vite, les vans sont prêts à accueillir les vaches et les veaux qui vont pouvoir quitter l’enfer.


Nous fermons les portes, remercions les policiers et reprenons la route, silencieux. _________________________________

Animaux en Péril asbl, qui ne devait ramener que deux vaches, a finalement sauvé deux vaches et trois veaux. Le pronostic vital est engagé pour certains. Nous sommes rentrés avec une vache et son petit veau pas encore sevré, ainsi qu’un autre veau un peu plus grand. En une heure, Vincent a construit un nouvel enclos provisoire. Il nous connaît, nous n’aurions pu nous résigner à ne sauver qu’une seule vache.


Plume, Olaf et Alice. Nos trois rescapés.


Plume, la maman attentionnée qui s’occupe avec douceur de son petit Olaf, puisant dans ses dernières forces pour lui donner du lait. Plume qui découvre le plaisir de se coucher dans la paille. Le petit Olaf qui découvre le plaisir d’être en liberté près de sa maman, nuit et jour. Plus de chaîne.


Alice, qui souffre d’un retard de croissance et dont nous ne savons estimer l’âge. Alice qui est curieuse et qui découvre cette nouvelle vie qui s’ouvre à elle, qui a de l’eau fraîche à volonté, des grains, du foin et de la paille. Alice qui aime les câlins et recevoir toute l’attention dont elle a manqué depuis sa naissance.

Trois rescapés sur une centaine. Trois rescapés sur des milliers, des millions, des milliards. Les chiffres perdent tout leur sens.


Nous sommes aujourd’hui envahis de dégoût, de tristesse et de colère.


Le dégoût. Cet éleveur a déjà eu plusieurs avertissements. Cet éleveur est en défaut de statut IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine). Cet éleveur continue à inséminer ses vaches, à mettre au monde plus de veaux encore et encore. Cet éleveur, d’après des sources sûres, pratiquerait lui-même des césariennes sur ses vaches, ce qui est interdit par la loi. Cet éleveur vit dans une jolie maison. Il ne meurt pas de faim… Le dégoût.


La tristesse. Nous savons que la situation ne changera pas dans cette exploitation. Nous savons que nous avons dû abandonner à leur triste sort une centaine de vaches et de veaux. Nous fermons les yeux aujourd’hui et ce sont les regards de ceux que nous avons laissés là-bas qui nous hantent… La tristesse.


La colère. Nous consommons. Ils produisent. Nous consommons. Ils inséminent. Nous consommons. Ils élèvent. Des êtres qui vont vivre une vie de misère, une vie trop longue. Nous avons tous la possibilité, le devoir, la responsabilité morale de faire changer les choses. Nous avons tous les moyens de mettre fin à cette cruauté. Des alternatives existent. Manger autrement. Consommer autrement. Il faut que les choses changent… La colère.


Plume, Olaf et Alice rejoignent aujourd’hui Aby, Clochette et Tim. Ils porteront eux aussi la voix de ceux que l’on n’entend pas.


Ils ne sont pas encore à parrainer parce que nous devons attendre de connaître leur destination finale. Les soins que nous devons leur apporter sont néanmoins très importants. Nous devons également agrandir notre enclos définitif. Nous avons besoin de vous ! Pour nous soutenir : BE37 7512 0629 8428 avec la mention « Avenir »


Ensemble, tout est possible.

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